Soudain, le feu a pris dans
une maison avant de se propager rapidement aux habitations voisines. Selon les
témoins, les flammes ont englouti plusieurs maisons en l’espace de quelques heures,
laissant derrière elle un paysage de désolation. Les causes du sinistre ne sont
pas encore établies, mais les autorités locales évoquent la piste d’un
court-circuit électrique. Quelques heures plus tard, c’est encore un autre
quartier de la commune de Kadutu, au centre de Bukavu, dans l’est de la RDC, qui
a été touché par un nouvel incendie. Là aussi, les investigations sont en cours
pour déterminer l’origine du sinistre. Mais à Nyamugo comme à Nkafu, les habitants,
mobilisés en urgence, ont mis plusieurs heures avant de maîtriser les incendies.
Au total, ces deux catastrophes
ont fait d’importants dégâts matériels, ce 9 juin, avec de nombreuses habitations complètement
détruites. Parmi les victimes, on déplore la perte de quatre membres d’une même famille : une mère et ses trois enfants. Leurs corps calcinés ont été
retrouvés dans les décombres de leur maison. Une tragédie qui a plongé les
habitants de Nkafu dans un immense chagrin.
Non-respect des normes d’électrification
Mais alors que le feu plongeait
la capitale du Sud-Kivu dans une profonde tristesse, certains habitants ont
commencé à se relever de ces épreuves, et des éternelles questions sur la
prévention des incendies et la sécurité des habitations ont été posées avec acuité.
Selon Hippocrate Marume, membre de la société du Sud-Kivu, les causes possibles
de ces incendies récurrents dans les différents quartiers incluent les
constructions anarchiques et le non-respect des normes de raccordement
électrique. En fait, la ville de deux millions d’habitants est construite sur
un flanc de collines autour du lac Kivu, où des maisons sont en général
construites sur des terrains escarpés et instables. Ce qui rend les tracés de
routes difficiles et coûteux.
De plus, les autorités ont
historiquement négligé les normes urbanistiques sur ces terrains et n’ont pas
investi là-dessus. Car ici, l’un des principaux moyens d’accès à une maison reste
des escaliers étroits. Dans des quartiers aisés, on monte ou on descend les
marches pour se diriger vers les bâtiments résidentiels modernes de plusieurs
étages. Et quant aux quartiers populeux, aucune rue n’est vraiment digne d’être
appelée comme telle pour séparer des maisons vues de loin comme superposées les
unes sur les autres. Or, la ville connait des cas d’incendies des maisons
répétitifs. C’est surtout dans ces quartiers populeux que le feu part toujours
d’une maison et se répand sur plusieurs autres, avant de toucher ce qu’on peut
appeler d’autres avenues.
Et même des constructions
coloniales servant des bureaux administratifs n’échappent pas aux incendies. Cas
de figure : les flammes qui avaient ravagé l’hôtel de Poste en 2021 – d’ailleurs
les deuxièmes de cette envergure après celles que la ville avait subi dix ans
auparavant – dans ce gigantesque bâtiment qui, à part la Poste, abritait aussi,
selon la mairie, plusieurs services, dont 103 cabinets d’avocats, 85
secrétariats publics, 32 centres de formation professionnelle, 25 restaurants,
17 studios de musique, 12 chaines de radio et/ou de télévision, 5 garages
d’automobiles, 3 cabinets ministériels du gouvernement local et un bureau de la
commission électorale.
L’insécurité à la barre
Mais Jean-Pierre Mizinzi
attribue la multiplicité des incendies à l’exode des populations déplacées qui
cherchent refuge dans la ville face à l’avancée des groupes armés dans leurs
villages. Pour le bourgmestre de Kadutu, "la proximité et la pauvreté les empêchent
de choisir des matériaux durables pour leurs habitations." Mais si la paix
revenait dans la région, ajoute-t-il, les incendies diminueraient probablement
à Bukavu. Et Jean-Pierre Basedeke souligne que la population de Bukavu a
doublé, voire triplé, alors que la taille de la ville est restée la même qu’à l’époque
coloniale. Pour prévenir de tels drames, l’architecte recommande la création de
nouveaux espaces et le respect de tailles parcellaires pour éviter la
propagation de feu.
Lire aussi : Quand Lushebere pasteurise le lait
Au cœur du territoire de Masisi, la ferme de Lushebere se dresse comme un bastion de l’industrie laitière dans l’est de la RDC. Cependant, elle est menacée par les ombres du M23.
Nonobstant ces tergiversations
et le non-assistant de l’Etat pour des centaines de sinistrés, il existe quand
même des organisations locales qui s’efforcent d’aider les victimes des
incendies à Bukavu. L’une d’elles est "Initiatives Grâce Ngabo". Au-delà
de nombreuses assistances caritatives et des messages de soutien, par sa
présidente, envers les victimes de différents incendies, l’organisation mène
des activités visant à relever les défis posés par les incendies récurrents
dans la ville. Son objectif est de sensibiliser et de former pour réduire les
risques d’incendie.
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