N° 004 du 1er décembre 2024

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Maurice Mulamba Nyunyu

Correspondant à Lubumbashi

Publié le : 05 septembre 2024

Lecture : 4 minutes

Le réveil tardif des services de contrôle à la frontière RDC-Zambie : une course contre la farine de la mort

Le Haut-Katanga, région stratégique de la RDC, se retrouve au cœur d'une crise sanitaire qui interpelle les consciences. L'alerte lancée par le gouvernement congolais sur la présence d'aflatoxine dans certaines marques de farine de maïs en provenance de Zambie est désormais une réalité préoccupante. Les services étatiques, autrefois endormis, se mobilisent enfin aux frontières pour protéger la santé des Congolais.

Kinshasa interdit huit marques de farine provenant de Zambie d'être commercialisées en RDC. Il s'git de : African milling, Roller meal and breakfast, Farm feed superdog meal, Continental milling, Shabco milling, Girad milling, Busu milling et Star milling

Kinshasa interdit huit marques de farine provenant de Zambie d'être commercialisées en RDC. Il s'git de : African milling, Roller meal and breakfast, Farm feed superdog meal, Continental milling, Shabco milling, Girad milling, Busu milling et Star milling

Maurice Mulamba Nyunyu

Correspondant à Lubumbashi

Publié le : 05 septembre 2024

Lecture : 4 minutes

L'Office congolais de contrôle (OCC) et le parquet du Haut-Katanga ont pris la décision radicale de sceller tous les dépôts de farine de maïs situés à la frontière entre la République démocratique du Congo et la Zambie. Cette mesure vise à empêcher la circulation de huit marques de farine, considérées comme des produits dangereux pour la consommation. Cependant, la lenteur des analyses effectuées par l'OCC génère une tension palpable parmi les opérateurs économiques, petits commerçants et responsables des dépôts scellés. Charlotte, commerçante à Kasumbalesa, est l'une des nombreuses victimes de cette situation : "Nous attendons encore. Les autorités doivent nous dire si nos farines sont contaminées ou pas, afin que nous sachions quoi faire", déclare-t-elle, visiblement désemparée. Ses 2 000 sacs de farine sont actuellement enfermés, menaçant sa survie économique.

Rémy Munso, un déclarant en douane, exprime son indignation : "Les marchandises impropres à la consommation devraient être saisies lors de leur traversée et non au pays, déjà dans les dépôts." Il déplore le manque de rigueur des services de contrôle, qui semblent plus préoccupés par la perception d'argent que par la protection des citoyens.

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Un risque sanitaire alarmant  

Depuis cette alerte du ministère congolais du Commerce extérieur, des mesures sécuritaires ont été renforcées aux frontières. Une commission a été mise en place pour intercepter toute marque de farine interdite. Pourtant, certains opérateurs économiques malintentionnés continuent de contourner les règles. "Ils changent les emballages et les cachets et utilisent les mêmes produits toxiques pour les vendre à la population", dénonce un membre de la société civile à Kasumbalesa.

La santé publique est donc en jeu, estiment les experts. Le docteur Simon Kabamba, médecin interniste à la polyclinique Le Rocher, alerte sur l'augmentation des cas de diarrhée dans sa structure, qu'il suspecte d'être liés à cette contamination. "Je crains que ce soit lié à cette toxine", ajoute-t-il, soulignant l'urgence d'une action préventive. La Fédération des entreprises du Congo (FEC) aussi se montre ferme face à cette situation. Son président, Robert Malumba, rappelle que "la RDC est régie par des lois qui doivent être respectées". Il appelle à une vigilance accrue pour empêcher l'entrée de produits périmés sur le territoire par des opérateurs peu scrupuleux.

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Quand vigilance rime avec complaisance

En fait, dans ce dossier sensible, les services de contrôle aux frontières sont souvent pointés du doigt pour leur inefficacité. Un responsable de l'OCC, qui a souhaité garder l'anonymat, admet que des efforts doivent être fournis. "Si notre territoire est devenu un déversoir de tout ce qui ne peut pas être consommé ailleurs, c'est essentiellement à cause de la complaisance de nos services aux frontières", déclare-t-il. Pour lui, l'aflatoxine, cette substance nocive, peut provoquer des intoxications chroniques, des malformations fœtales, des altérations de l'ADN et divers cancers. Face à cette menace, il est crucial que les autorités prennent des mesures efficaces pour protéger la santé des Congolais et restaurer la confiance dans les systèmes de contrôle aux frontières.

L’agent anonyme de l’OCC indique que le Haut-Katanga se trouve à un tournant décisif. Le réveil tardif des services de contrôle aux frontières doit se traduire par des actions concrètes et efficaces. La santé des Congolais en dépend, et il est impératif que la vigilance rime avec responsabilité pour éviter que la farine de la mort ne continue à circuler sur le territoire.

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