L'Office congolais de contrôle (OCC) et le
parquet du Haut-Katanga ont pris la décision radicale de sceller tous les
dépôts de farine de maïs situés à la frontière entre la République démocratique
du Congo et la Zambie. Cette mesure vise à empêcher la circulation de huit
marques de farine, considérées comme des produits dangereux pour la consommation.
Cependant, la lenteur des analyses effectuées par l'OCC génère une tension
palpable parmi les opérateurs économiques, petits commerçants et responsables
des dépôts scellés. Charlotte, commerçante à Kasumbalesa, est l'une des
nombreuses victimes de cette situation : "Nous attendons encore. Les
autorités doivent nous dire si nos farines sont contaminées ou pas, afin que
nous sachions quoi faire", déclare-t-elle, visiblement désemparée. Ses 2
000 sacs de farine sont actuellement enfermés, menaçant sa survie économique.
Rémy Munso, un déclarant en douane, exprime
son indignation : "Les marchandises impropres à la consommation devraient
être saisies lors de leur traversée et non au pays, déjà dans les dépôts."
Il déplore le manque de rigueur des services de contrôle, qui semblent plus
préoccupés par la perception d'argent que par la protection des citoyens.
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Un risque sanitaire alarmant
Depuis cette alerte du ministère congolais du
Commerce extérieur, des mesures sécuritaires ont été renforcées aux frontières.
Une commission a été mise en place pour intercepter toute marque de farine
interdite. Pourtant, certains opérateurs économiques malintentionnés continuent
de contourner les règles. "Ils changent les emballages et les cachets et
utilisent les mêmes produits toxiques pour les vendre à la population",
dénonce un membre de la société civile à Kasumbalesa.
La santé publique est donc en jeu, estiment
les experts. Le docteur Simon Kabamba, médecin interniste à la polyclinique Le
Rocher, alerte sur l'augmentation des cas de diarrhée dans sa structure, qu'il
suspecte d'être liés à cette contamination. "Je crains que ce soit lié à
cette toxine", ajoute-t-il, soulignant l'urgence d'une action préventive.
La Fédération des entreprises du Congo (FEC) aussi se montre ferme face à cette
situation. Son président, Robert Malumba, rappelle que "la RDC est régie
par des lois qui doivent être respectées". Il appelle à une vigilance
accrue pour empêcher l'entrée de produits périmés sur le territoire par des
opérateurs peu scrupuleux.
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Quand
vigilance rime avec complaisance
En fait, dans ce dossier sensible, les
services de contrôle aux frontières sont souvent pointés du doigt pour leur
inefficacité. Un responsable de l'OCC, qui a souhaité garder l'anonymat, admet
que des efforts doivent être fournis. "Si notre territoire est devenu un
déversoir de tout ce qui ne peut pas être consommé ailleurs, c'est
essentiellement à cause de la complaisance de nos services aux
frontières", déclare-t-il. Pour lui, l'aflatoxine, cette substance nocive,
peut provoquer des intoxications chroniques, des malformations fœtales, des
altérations de l'ADN et divers cancers. Face à cette menace, il est crucial que
les autorités prennent des mesures efficaces pour protéger la santé des
Congolais et restaurer la confiance dans les systèmes de contrôle aux
frontières.
L’agent anonyme de l’OCC indique que le
Haut-Katanga se trouve à un tournant décisif. Le réveil tardif des services de
contrôle aux frontières doit se traduire par des actions concrètes et
efficaces. La santé des Congolais en dépend, et il est impératif que la
vigilance rime avec responsabilité pour éviter que la farine de la mort ne
continue à circuler sur le territoire.
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